Atelier Aimer

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Retrouvez l’interview de Marie en intégralité, ici : Marie, fleuriste en atelier
et ses adresses, là : Les adresses de Marie
Photographies : Rémy Lidereau pour Étonnantes

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Elle nous ouvre la porte de sa maison-atelier et ce que l’on voit avant tout le reste c’est son sourire. Franc et généreux, il est à son image à elle, Marie : franche dans ses propos, généreuse avec les mots qu’elle débite à toute allure. La voix est grave, l’œil rieur et les mains virevoltent au gré des paroles. L’expressivité jusqu’au bout des doigts, quoi de plus naturel pour une fleuriste.
Pourtant Marie n’a pas toujours été fleuriste. Elle l’est seulement depuis un peu plus d’un an maintenant, depuis ce mois de mai 2017 où elle s’est lancée à son compte, changeant de ville et de voie pour réinventer son quotidien où s’épanouissent désormais des bouquets de fleurs, fraîches et séchées. Marie a la petite trentaine et un parcours déjà riche et inspirant : mère de trois enfants, elle a quitté son emploi parisien dans l’évaluation en parfumerie – « un poste de coordination très technique parce qu’on passe la journée avec les parfumeurs, à évaluer avec eux, à les orienter » – , laissé derrière elle les paillettes du luxe et de la Capitale pour suivre son mari muté à Nantes.

© Rémy Lidereau pour Etonnantes
© Rémy Lidereau pour Etonnantes

La tête dans les fleurs depuis toujours, « ce qui m’a amenée à la parfumerie, c’est la fleur », et les pieds sur terre : pas question de quitter un emploi bien payé sans savoir où aller. D’autres s’y sont déjà cassé les dents et les rêves. Alors Marie, pragmatique, passionnée, déterminée, commence par le commencement : une formation dans une école à côté d’Angers. Six mois durant lesquels elle apprend les bases du métier de fleuriste. « Cela m’a permis de me rassurer, de toucher à la fleur et de pratiquer un peu. ». Six mois durant lesquels sa conviction s’affirme plus que jamais : les techniques qu’elle est en train d’apprendre, jamais elle ne les utilisera. « Ce que j’ai appris en CAP, ce sont des techniques que je n’utilise pas du tout ! ». L’objet de sa détestation ? Le piquage dans la mousse florale, qu’elle juge «vieillot » d’abord et anti-écologique surtout. Car Marie a le gaspillage en horreur, bien qu’incontournable au métier de fleuriste – « en boutique je crois qu’il y a plus de 30 ou 40% de fleurs qui partent à la benne ! » – et une solide volonté de faire son possible pour limiter ses déchets. Elle se le promet, son entreprise sera la plus responsable possible. Sublimer la nature, sans la gaspiller. Marie est alors catégorique : il est hors de question pour elle d’avoir une boutique. Car « pour que l’on ait envie d’entrer dans une boutique, il faut qu’il y ait de belles fleurs, cela signifie que ça tourne et qu’il y a un taux de perte énorme ». Donc Marie est fleuriste en atelier. Le sien, celui qu’elle a pensé à son image, l’ « Atelier Aimer ». Derrière l’anagramme de son prénom, c’est une promesse de bonheur qu’elle veut voir fleurir.
Deux fois par mois, elle s’approvisionne en fleurs fraîches pour honorer les abonnements qu’elle propose sur son site et lorsqu’il lui en reste, elle les fait sécher. Elle teste, tente et bidouille, réminiscences de sa licence de chimie. « Je fais mon petit laboratoire, je tente des trucs : il y a des fleurs qui sèchent super mal, d’autres pour lesquelles j’ai de bonnes surprises. J’aime bien, cela me permet d’avoir des types de fleurs séchées différents, que l’on ne va pas trouver chez tous les grossistes parce que ce sont des choses que j’ai faites moi-même. »

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© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Pourtant, elle l’avoue elle-même, les convictions se nourrissent de contradictions : les fleurs que Marie fait sécher patiemment dans son atelier sont bien loin d’être locales et les efforts qu’elle fait d’un côté pour limiter ses déchets sont « divisés par douze quand (elle) travaille des fleurs qui ont fait quatre fois le tour du monde. » Un jour peut-être, à quelques kilomètres de sa maison nantaise, Marie aura le champ de fleurs qu’elle espère. C’est en projet, dans le futur jardin de ses parents. En attendant, elle fait de son mieux, travaille comme une forcenée, ne compte pas ses heures. De mai à octobre, lorsque la saison des mariages bat son plein, sa semaine tourne à une vitesse folle : le mardi, elle passe sa commande de fleurs qu’elle récupère le jeudi, puis elle prépare, emballe, récupère sa camionnette, la charge, la décharge le samedi, installe, coupe, taille, ajuste… Le dimanche, pause. « J’avoue que je suis en train de me dire qu’il faut que je trouve un rythme qui me permette de souffler car c’est un peu pesant pour mon entourage. » Puis revient le lundi, jour où les mariés du week-end viennent rapporter les décorations de leur cérémonie. Et la semaine repart…  Malgré tout ça, elle trouve encore le temps de réaliser ses créations en fleurs séchées, de réaliser elle-même les photographies de son site internet, de répondre à des demandes de devis pour de futurs mariages et de continuer à puiser ses inspirations Outre-Atlantique, où les fleuristes ont selon elle, une longueur d’avance sur les propositions françaises.

Marie fait tout, toute seule. Armée de sa détermination, de ses convictions et de son sourire. Bien sûr elle doute, fatigue, se questionne sur la tournure à donner à son activité après un an et demi d’un rythme fou. Mais elle tient bon car elle dit ne ressentir que de la bienveillance autour d’elle. Elle récolte ce qu’elle a semé, tout simplement.

Retrouvez l’interview de Marie en intégralité, ici :
Marie, fleuriste en atelier

2 réponses à “Atelier Aimer”

  1. […] Retrouvez le portrait d’Atelier Aimer, ici : https://etonnantes.com/2019/01/28/atelier-aimer/ […]

  2. […] de Marie, ici : Marie, fleuriste en atelierEt le portrait d’Atelier Aimer, ici : Atelier Aimer […]

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