Marie Saulnier, fleuriste en atelier

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Découvrez le premier numéro de la revue ÉTONNANTES, ici : Étonnantes N°1

Photographies : Rémy Lidereau pour Etonnantes

Marie, quelle est l’histoire d’Atelier Aimer ?
MARIE : J’ai lancé Atelier Aimer en mai 2017. J’ai fait seulement trois mariages cette saison-là mais ils m’ont apporté de la visibilité car un des mariages était celui d’une blogueuse nantaise qui a pas mal communiqué dessus, donc cela m’a fait de la pub et a contribué à ce que ça démarre bien pour moi. J’ai eu de la chance ! Pour les mariages, je travaille avec des fleurs fraîches mais j’ai tendance à y intégrer des fleurs séchées. J’aime bien mixer les deux, cela fait partie de mon identité et de mon style. Là pour 2019, j’ai vraiment des demandes pour mixer fleurs séchées et fleurs fraîches.

C’est en cela que tu veux marquer ta différence par rapport aux autres fleuristes ?
Disons que c’est ça mon identité, c’est ce que j’aime travailler. C’est vrai que je préfère que l’on me demande ça plutôt qu’un style qui ne me correspond pas trop.

Quel est ton parcours professionnel avant mai 2017 et la création d’Atelier Aimer ? J’ai lu que tu avais travaillé dans l’univers de la parfumerie.
Oui c’est ça. J’étais en région parisienne, j’ai une licence de chimie, un master de parfumerie dans une école spécialisée à Versailles. Et j’ai travaillé de 2007 jusqu’à début 2017, en région parisienne à un poste qui s’appelle « évaluation ». Je n’étais pas parfumeur mais c’est un poste de coordination qui est à la fois très technique parce qu’on passe la journée avec les parfumeurs, à évaluer avec eux, à les orienter en disant « telle note, tel client trouve que c’est trop ci ou ça donc il faudrait la retravailler avec ça» et en même temps il y a toute la partie coordination, gestion de projets et d’équipes car cela mobilise pas mal de monde au niveau marketing, labo, commercial.
Pendant mes études et mon année d’alternance j’étais à Paris. Après pour mon premier job je suis partie à Shanghai pendant un peu plus d’un an, je suis revenue à Paris, ensuite je suis partie à Genève pour finalement revenir à Paris.

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Comment es-tu passée de l’univers de la parfumerie à celui des fleurs ?
A 27 ans, j’étais déjà en train de me dire qu’il fallait que je fasse autre chose. J’avais une certaine lassitude de l’univers du luxe parisien, je ne me sentais pas forcément à ma place. Et j’ai toujours été manuelle, j’ai toujours adoré bricoler et ça me manquait au quotidien. Surtout, ce qui m’a amenée à la parfumerie c’est la fleur, en tant que matière première. Mais ce n’était pas forcément mon quotidien, je me posais des questions, me demandant ce que je pouvais faire. Et ce fut un heureux concours de circonstances parce qu’au moment où j’étais dans ces questionnements, on a proposé à mon mari qui travaille dans la banque, d’être muté à Nantes, avec des conditions qui faisaient que la transition se ferait en douceur pour quitter mon job. Parce que je ne me voyais pas du tout quitter mon job bien payé du jour au lendemain et repartir à zéro sur autre chose alors qu’on avait déjà un enfant, que j’étais enceinte du deuxième à ce moment-là ! Cela m’a donc permis de pouvoir le faire en étant plus sereine.
On est arrivés à Nantes, je suis tombée enceinte de ma troisième peu de temps après et quand mon congé maternité s’est terminé je me suis lancée !

As-tu suivi une formation pour être fleuriste ?
Oui, juste après être arrivée à Nantes, quand j’étais encore salariée, j’ai eu la chance de pouvoir faire un Fongecif à une école qui s’appelle La Piverdière, à côté d’Angers, qui propose une formation assez courte sur 5-6 mois avec grosso modo, le programme du CAP fleuriste, plutôt ciblé pour ceux qui ont pour projet de créer leur entreprise. Car le CAP, au-delà du fait que ce soit très vieillot, forme pour travailler pour quelqu’un, pas à travailler de façon indépendante.
J’avais besoin de ça parce que je ne me voyais pas commencer sans rien. Ça m’a permis de me rassurer, de toucher à la fleur, et de pratiquer un peu. Après honnêtement, avec le recul, j’utiliserais plutôt mon temps et mon énergie à aller travailler avec des fleuristes dont j’aime bien l’univers ou à me payer un workshop chez des fleuristes.
J’ai dix fois plus appris en aidant sur des mariages avec d’autres fleuristes ou en faisant des workshops avec les pros dont l’univers et le style me correspondent beaucoup plus. Car clairement ce que j’ai appris en CAP, ce sont des techniques que je n’utilise pas du tout ! Parce que je souhaite limiter mes déchets au maximum, tandis qu’en formation du CAP, on nous apprend à piquer dans la mousse florale sans proposer des alternatives. Alors le résultat final est moche, on passe plus de temps à se dire qu’il faut couvrir la mousse plutôt qu’à faire quelque chose de joli, et en plus on travaille avec des matériaux horribles alors qu’on est censés sublimer les fleurs et la nature.
Pendant la formation, on n’explique pas qu’il y a des alternatives à ça, qui ne sont ni plus compliquées ni plus coûteuses, ni moins efficaces pour conserver les fleurs. Il s’agit juste d’habitudes à prendre qui demandent un peu de réflexion parce que forcément la mousse c’est facile, il suffit de piquer dedans…. Moi je n’ai pas voulu prendre de mauvaises habitudes.

Donc depuis le début de ton projet, tu as toujours eu l’envie de faire les choses différemment ?
Depuis que j’ai quitté la formation, je n’ai plus touché un bloc de mousse ! Mais du coup ça demandait de réfléchir à des techniques pour des grosses structures, des installations, ce ne sont pas des choses compliquées mais il faut le savoir…

Ce sont des techniques que tu as donc apprises toute seule ?
Ce sont des choses que j’ai bidouillées. Car ce mouvement de travailler sans mousse c’est quelque chose d’assez mondial. Mes inspirations viennent des pays anglo-saxons, ce qui se fait sur le monde de la fleur dans ces pays est beaucoup plus en avance et moins « tradi » que ce qui se fait en France actuellement. Et notamment ce mouvement de travailler sans mousse est assez présent là-bas. Il y a donc des personnes qui expliquent comment ils font, parlent de leurs techniques pour démystifier et dire que ce n’est pas plus compliqué, que ça ne demande pas plus d’efforts. C’est juste de la pédagogie envers les clients en expliquant qu’il y a certaines choses qui ne sont pas possibles à faire sans mousse et qu’il faut donc proposer autre chose. Je ne propose pas des choses dont je sais pertinemment qu’il faudra utiliser de la mousse florale.

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Comment crées-tu alors ? Arrives-tu à trouver des fournisseurs ici bien que ce soit plus « classique » que dans les pays anglo-saxons ?
Justement le gros point noir que j’ai aujourd’hui c’est que j’ai beau essayer de limiter mes déchets sur la partie création et design des produits, il reste que ma matière première est contrainte par ce que j’arrive à trouver ici. Et malheureusement à Nantes, l’offre est hyper pauvre, c’est à 90% de l’importation… Le peu de local ce sont des fleurs que je ne travaille pas, hyper classiques donc c’est aussi pour ça que je triche et que je glane beaucoup, que j’aime bien mixer avec des fleurs séchées. Cela me permet de tricher avec les saisons et de travailler la texture, de donner un côté plus signé à mes créations, en attendant que je trouve une autre solution, ce qui est dans les tuyaux ! Mais je sais que c’est paradoxal car les efforts que je fais d’un côté pour limiter mes déchets, sont divisés par douze quand je travaille des fleurs qui ont fait quatre fois le tour du monde.

Qu’est-ce que tes clients apprécient dans tes créations?
Mon style et ma démarche et le fait que pour les mariages, je leur fais une proposition sur-mesure.

Comment travailles-tu cette offre sur-mesure justement ?
J’ai un premier rendez-vous avec les futurs mariés, en « vrai », par téléphone ou Skype, durant lequel je leur pose des questions purement pratiques sur leur mariage : où, quand, comment ? Les lieux qu’ils veulent fleurir, le nombre d’invités pour savoir le nombre de tables… J’aime bien avoir une vision plus large de qui ils sont, leurs valeurs, leur esprit pour comprendre ce qu’ils veulent faire ressortir de leur jour J. Je leur demande notamment toujours s’ils ont choisi leur photographe car cela donne beaucoup d’infos sur le style de photos qu’ils auront. S’ils ont choisi un photographe qui a un univers hyper signé, cela me donne des indications sur ce qui peut aller au niveau des fleurs.

As-tu déjà refusé des demandes car tu n’étais pas en adéquation avec l’esprit des mariés ?
Honnêtement j’ai eu de la chance car cela m’est arrivé très rarement mais en général au moment où l’on se rencontre j’ai déjà fait le tri en amont. Depuis cette année, j’ai mis en place un budget minimum pour qu’il y ait déjà du tri parce que j’avais des demandes pour lesquelles les gens ne se rendent pas du tout compte du budget.
Donc après le 1er rendez-vous, je leur fais une proposition ultra-détaillée avec beaucoup d’images d’inspiration. Ce n’est pas juste un simple devis, j’y passe beaucoup de temps, minimum trois heures.

Sans avoir la certitude que les clients acceptent ce devis…
Oui, mais le fait que j’y passe du temps c’est plutôt payant. Avec le fait que je fasse un peu le tri avant, au final j’ai relativement peu de refus même sur les devis que je prépare.

Quel est ton budget minimum ?
Cette année c’est 1500 euros pour la déco complète d’un mariage, le cortège, les tables… Mais en fonction de ce qu’ils veulent, cela peut rentrer dans les clous ou pas. Cette année j’ai voulu essayer d’avoir des mariages complets où je fais tout, et que je n’en prenne qu’un seul par week-end.

Tu es alors présente sur place pendant tout le week-end du mariage ? Ça dépend des mariages, j’en ai eu un l’année dernière pour lequel j’étais présente pendant quatre jours ! Mais c’était un peu particulier….
Généralement j’arrive le matin du mariage. Parfois je prends des freelances pour me donner un coup de main quand il y a besoin de bras en plus. Mais la saison dernière sur 80% des mariages j’étais toute seule. Souvent pour une question de coût, pour que cela rentre plus dans le budget et pour rationnaliser les fleurs, je propose de faire une belle composition pour l’église ou la mairie, qu’on va déplacer après la cérémonie, dès qu’ils sont sortis de l’église,  pour la mettre dans la salle ou sur les tables. Alors je cours, je déplace !

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Ton activité sur les mariages te prend donc plus de temps que ton activité de création en fleurs séchées ?
Oui, surtout en saison quand j’ai un mariage tous les week-ends, comme l’année dernière de mai à fin octobre ! Il y a juste eu trois semaines en été où j’ai pu prendre un peu de vacances, ça m’a fait du bien ! Mais en gros quand je suis en mariage, je récupère mes fleurs le jeudi matin, jeudi-vendredi je suis dans les préparations, le samedi j’installe. Le lundi généralement c’est le jour où les mariés me ramènent tous mes contenants.

Car c’est toi qui fournis les contenants ?
Je loue uniquement ce qui contient des fleurs. Je ne suis pas la décoratrice, je suis fleuriste. Mais après, je loue les contenants pour les centres de table comme des dames jeannes. Pour les arches par exemple il y a des structures que j’ai, ou des choses pour la cérémonie mais je ne loue pas de la déco pure. En général j’essaie de ne pas m’occuper de la désinstallation car je me garde le dimanche quand même pour être un peu avec ma famille. Ce sont généralement les mariés qui démontent tout et me ramènent le matériel le lundi. Le mardi, je passe mes commandes de fleurs pour le jeudi. Mine de rien, les semaines passent vite !

Et au milieu de tout ça tu réussis à trouver le temps de faire tes créations en fleurs séchées ?!
La fin d’année est la période pendant laquelle j’ai généralement le plus gros volume de commandes de fleurs séchées et celle où généralement je n’ai plus de mariages à gérer en parallèle.

Tu travailles les fleurs séchées et stabilisées. Quelle est la différence entre les deux ?
Pour les fleurs séchées : certaines sont déjà séchées par les producteurs, je les achète directement comme ça. Mais il y a d’autres fleurs que je fais sécher moi-même. Comme je travaille en atelier et non en boutique, je n’ai jamais de stocks de fleurs fraîches car je ne veux pas avoir de pertes. L’une des raisons pour lesquelles je ne voulais pas avoir de boutique c’est que pour moi, l’idée d’acheter des fleurs en sachant pertinemment que je vais les jeter, ce n’est pas possible ! C’est très rare que je jette des fleurs alors quand il m’en reste, je les fais sécher. Je fais mon petit laboratoire, je tente des trucs : il y a des fleurs qui sèchent super mal, d’autres pour lesquelles j’ai de bonnes surprises. J’aime bien, cela me permet d’avoir des types de fleurs séchées différents, que l’on ne va pas trouver chez tous les grossistes parce que ce sont des choses que j’ai faites moi-même.
Et les fleurs stabilisées sont des fleurs que j’achète auprès de producteurs spécialisés. Le principe est que la sève de la fleur est remplacée par un mélange de glycérine, de colorant et de substrat. On fait boire ce mélange à la fleur qui va en être saturée, figée dans le temps et en même temps reteintée, ce qui va permettre d’avoir une palette plus large que la fleur séchée. Et c’est très souple donc encore plus résistant que la fleur séchée car cela n’a pas le côté fragile et cassant, avec une durée de vie annoncée par les fabricants de six ans. J’aime bien mixer fleurs séchées et stabilisées car cela donne un côté un peu plus contemporain.

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Tu parlais de l’univers anglo-saxon comme l’une de tes influences…
Oui, les fleuristes que je regarde sur Instagram et dont les styles et les univers m’inspirent sont à 80% anglais, américains ou australiens. Asiatiques aussi ! En Corée et au Japon ils ont une approche des fleurs que j’aime beaucoup.

Et en quoi leur approche diffère de celle des Français ?
C’est vraiment une façon de travailler la fleur avec un côté plus naturel, organique, où le but est vraiment de mettre en valeur la fleur sans la dénaturer, de façon beaucoup plus déstructurée. Moi typiquement, sur mes bouquets, je n’ai jamais deux fleurs à la même hauteur, je ne cherche surtout pas à avoir le côté bien rond, bien parfait, au contraire.

Comment expliques-tu qu’en France ce ne soit pas encore comme ça ?
C’est en train d’arriver ! Sur la fleur, on a quatre ans de retard sur le monde du mariage anglo-saxon. Ce qui est actuellement tendance aux US c’est ce qui arrivera en France plus tard mais globalement les mariés sont encore dans les gypsophiles… Mais c’est aussi à nous de leur montrer autre chose !  De faire des shootings d’inspiration pour que les mariés puissent trouver des idées concrètes pour leur jour J.

Et quand tu proposes des choses différentes, comment réagissent tes clients ?
Justement cette saison je me suis dit « moi, je me fais plaisir ! ». Je propose des trucs que j’ai envie de faire à fond et ça passe ou non, mais généralement c’est souvent une question de budget.

Qu’est-ce qui coûte cher dans tes créations ?
Ça dépend. Tout ce qui est « structure » forcément ça coûte plus cher parce que ça demande plus de matière première et de temps d’installation. Mais je dis souvent que je déteste quand on me demande de mettre tout un tas de soliflores sur les tables. Alors je me mets des bâtons dans les roues toute seule, je propose quelque chose et après je me dis « bon eh bien maintenant, comment je vais faire avec les structures pour les travailler sans mousse ? ». Mais c’est ce que j’aime !

Qu’est-ce qui t’épanouit dans ton travail ?
Ça justement ! Et aussi les échanges avec les mariés, parce que normalement ce sont des moments heureux donc c’est chouette de participer à ça avec eux. Parfois certains sont stressés mais jusqu’à présent j’ai eu de la chance, je suis tombée sur des mariés hyper cool et reconnaissants, qui m’ont dit qu’ils étaient contents. Parce que c’est vrai que je ne compte pas mes heures. Pour certains, je pense que ça se compte en centaine d’heures, d’échanges de mails, pour remodifier les devis etc. Pour certains mariés, c’est vraiment un accompagnement, ce n’est pas juste « on signe le devis et je vous appelle trois jours avant le mariage ».

C’est une exigence nécessaire à ton activité ou est-ce ton caractère ?
Un peu des deux, ça dépend aussi des mariés. Certains valident et disent à quelle heure venir le jour J et c’est tout. D’autres ont tout le temps de nouvelles idées…

Et à quel moment tu dis « stop » à ces nouvelles idées ?
En général, un mois avant le mariage le devis est figé, sauf des petites bidouilles comme le nombre de boutonnières par exemple.

Qu’est-ce qui te plait moins dans ton travail ?
La partie que la plupart des gens ne soupçonnent pas dans le métier de fleuriste : la manutention ! Porter des trucs lourds, se mettre de la flotte partout, avoir toujours du bordel, passer son temps à balayer… Quand je travaille les fleurs séchées au moins il n’y a pas d’eau ! Mais avec les fleurs fraîches, tu passes ton temps à aller chercher la camionnette chez le loueur, tu la remplis, tu la vides… En saison j’ai l’impression de passer ma vie à porter des trucs. A la fin de la saison, je me dis « non c’est bon je ne veux plus porter un seul truc » !

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Avant de te lancer, avais-tu déjà regardé le travail d’autres fleuristes ?
Oui forcément, j’avais fait une petite étude de marché. Je ne suis pas très fan de cette mode de se créer des noms de métier, quand on me demande ce que je fais, je dis que je suis fleuriste en atelier. Pour moi la différence est vraiment là : je n’ai pas de boutique. Car travailler en boutique ou en atelier ce n’est pas du tout la même approche. Le seul point commun est la fleur mais sinon ce sont deux activités complètement différentes.

Pour toi il est vraiment inenvisageable d’avoir un jour ta boutique ?
Ah oui ! Même si je pense que ça doit aussi être sympa. Mais ouvrir une boutique veut forcément dire avoir des salariés, parce que si tu fais des mariages en ayant une boutique, c’est que tu as une équipe. Ou alors tu ne le fais pas de la même façon, tu fais du prêt-à-poser sans retouches sur place. Et ce n’est pas du tout ce vers quoi j’ai envie de tendre. Alors après c’est sûr qu’en boutique tu as la clientèle de passage, ceux qui viennent acheter des fleurs pour la Saint Valentin, mais ce côté commerçant, ce n’est pas mon truc. Et surtout pour que l’on ait envie d’entrer dans la boutique, il faut qu’il y ait de belles fleurs donc forcément, cela signifie que ça tourne et qu’il y a un taux de perte énorme.

Est-ce que le fait d’être à Nantes a pu gêner ou améliorer le développement de ta société ?
Non pas du tout, au contraire. Je ne connaissais pas du tout Nantes mais on ne se projetait pas à Paris. On ne se voyait pas vivre dans un clapier à lapins ou vivre hyper loin et passer deux heures dans les transports. On a donc tenté, sans aucun regret ! C’est une ville qui me plaît beaucoup.

Tu as réussi à y créer ton réseau toute seule ?
Oui, depuis que j’ai commencé, j’ai surtout ressenti de la bienveillance de la part de l’univers du mariage ou des créateurs. Je connais moins les fleuristes boutique mais à aucun moment je n’ai ressenti de la malveillance. Je pars du principe que pour moi, il n’y a pas de concurrence, il y a de la place pour tout le monde, du moment qu’il n’y a pas de copie, que chacun a une identité et un style définis, tout le monde peut trouver des clients.

© Rémy Lidereau pour Etonnantes

Pour te développer, tu mets l’accent sur les réseaux sociaux ?
Oui, je gère tout sur les réseaux. Sauf les shootings inspiration qui sont sur mon site. Pour eux, je passe beaucoup de temps à choisir les variétés de fleurs, à faire l’installation sur place le jour du shooting. C’est un matériel qui n’a pas de prix pour moi. Les gens te demandent ce qu’ils voient, si tu ne leur montres pas, ils ne vont pas demander des choses qu’ils ne t’ont pas vu faire.

Quel est ton bilan après un peu plus d’un an d’activité ?
Je suis assez contente à la fois sur les fleurs séchées et les mariages. Après mon objectif est de mettre tout à plat sur le plan financier et de voir ce qui me rapporte de l’argent. Au quotidien, je n’ai pas eu le temps de prendre assez de recul. Je n’ai jamais autant bossé que depuis que je fais ça. Je travaille 7 jours sur 7. La journée je suis à l’atelier et tous les soirs sur mon ordinateur. Je fais une grosse coupure entre 17h à 20 h pour être avec mes enfants mais c’est la pause de ma journée parce qu’après je suis sur mon ordi jusqu’à 1h du matin pour faire mes devis, mes mails…  J’avoue que je me suis en train de me dire qu’il faut que je trouve un rythme qui me permette de souffler car c’est un peu pesant pour mon entourage.

Tu travailles tous les week-ends ?
En saison j’ai les mariages et hors saison, je ne suis souvent pas là les samedis car si je ne fais pas une vente de créateurs, je tiens la permanence à la boutique Tribü. Et j’ai d’autres projets en parallèle : l’idée serait de planter mon petit jardin de fleurs à couper pour les utiliser dans mes bouquets et mes compos, pour pallier le fait que je ne trouve pas de fleurs de producteurs, mais sans être auto-suffisante loin de là. J’ai hâte que ça commence mais c’est du long terme car on ne voit pas les résultats tout de suite, ça demande du temps.

Retrouvez le portrait d’Atelier Aimer, ici : Atelier Aimer

3 réponses à “Marie Saulnier, fleuriste en atelier”

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  3. […] Donc j’ai cherché à faire autre chose, j’ai fait un bac général où j’ai rencontré Marie, la créatrice d’Atelier Aimer, avec une option Arts Plastiques quand même, et ensuite je suis allée en fac de lettres en me […]

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