Découvrez le premier numéro de la revue ÉTONNANTES, ici : Étonnantes N°1
Photographies : Rémy Lidereau pour Étonnantes
Elle appelle ses créations des « tribus », ses petites familles de céramiques moulées et modelées à la main dans son atelier nantais. « Il y a la tribu corde, la tribu bleue, la tribu oreille percée… » Entre Cassandre et ses créations, le lien est en effet quasiment maternel : parce qu’elle débute son activité, certainement ; parce qu’elle est passionnée, surtout. Une arme redoutable pour abattre les difficultés d’un quotidien d’artisan, et plus encore, celles des débuts. Les débuts d’une jeune créatrice déjà sûre de ses choix artistiques, maitrisant à la perfection l’image de sa marque sur les réseaux sociaux mais dont la réalité n’est pourtant pas toujours “instagrammable”. « Ce qui est compliqué c’est que je n’ai pas de four. C’est un investissement financier très important et je n’en n’ai pas les moyens. Je vais donc à Millefeuilles, une association nantaise au sein de laquelle il y a un atelier céramique. Je paie à chaque cuisson, en fonction de ce que je mets dans le four. »



Alors, Cassandre la passionnée façonne ses pièces chez elle, les enveloppe, les emballe, les emporte à l’atelier nantais où elle les fait cuire. Cassandre la courageuse crée sept heures par jour, seule avec sa terre et son chat, au son d’un podcast parfois, s’accrochant à sa passion pour dépasser les difficultés de cette vie d’artisan qu’elle a choisi. Cassandre la lumineuse force sa nature timide pour candidater à des salons de créateurs, pour démarcher les boutiques qui lui plaisent et pourraient être intéressées par ses créations.
Elle trouve la céramique « très difficile car il faut être patient et persévérant, ne pas se décourager » mais ne pourrait rien faire d’autre pour autant : « j’aime partir d’une boule de terre et voir comment mes mains façonnent la pièce. C’est un long processus et j’aime le temps que je passe à réaliser des créations de la sorte. »
Elle s’inspire d’images qu’elle pioche dans les musées, les expositions, les magazines mais dessine des pots, des vases et des mobiles qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes : bruts et généreux, minimalistes et chaleureux. Et de ses études en design textile, elle a gardé un lien indéfectible avec le tissu, marquant ses pots ou ses assiettes d’empreintes de fil, imaginant un vase au cou de corde. « Je voulais être styliste ou designer textile car ce qui me plaisait c’était les matières, les couleurs. Et c’est ce que je retrouve dans la céramique. »



Les teintes de ses céramiques sont un appel au voyage : le bleu, profond et lumineux ; l’ocre, chaud et solaire, invitent à un ailleurs rêvé, quelque part entre le Maroc et la Grèce. « Je me suis inspirée de céramiques orientales et je trouvais ça sympa de les appeler tribus : des céramiques, des contenants dans lesquels on peut mettre des objets précieux. »
Même si « ce n’est que le début », Cassandre est heureuse de son activité, semble satisfaite de ses ventes qu’elle gère elle-même sur sa boutique Etsy ou qu’elle a déléguées à certaines adresses nantaises et parisiennes. Pourtant, Cassandre la persévérante avoue avoir encore de nombreux défis à relever : pouvoir vivre de la vente de ses céramiques, développer son réseau de distribution, posséder un jour son propre four, et surtout rencontrer ceux qui achètent ses pièces. « Ce qui me manque c’est de ne pas rencontrer les clients. C’est important pour ceux qui achètent de voir qui il y a derrière les créations. J’espère qu’un jour je pourrai en vivre. Je fonce et j’y crois. C’est important d’y croire et je vais tout faire pour que ça marche, pour développer mon activité. »




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